jeudi 29 novembre 2007

UNE MUSIQUE MILLENAIRE TOUAREG

Pour la pérennité de l’Imzad !

La bibliothèque nationale du Hamma a été plongée la semaine dernière dans une atmosphère spéciale celle du Sahara dans tout son charme. Une ambiance contant l’Imzad par l’instrument, la musique, la poésie et aujourd’hui par un livre. C’est Dida Badi, anthropologue, qui a eu l’audace de le faire. Il a présenté son nouvel ouvrage qui s’intitule «Imzad, une musique millénaire touareg » parue dernièrement aux éditions ''ENAG''. Comme son titre l’indique, l’ouvrage parle de l’historique de ces sons de sable crées depuis la nuit des temps par les hommes bleus, toujours en mouvement.

Imzad est une vièle monocorde remontant à la nuit des temps. Plus qu’un instrument, il est un symbole de pouvoir suggérant une musique particulière. Réservé exclusivement aux femmes, l’homme chante sur l’air d’Imzad. Et seul la voix de l’homme est admise à se mêler à celui de l’instrument. Par la grâce de cet instrument, les hommes bleus se sont transformés de guerrières en poètes. A ce sujet, et parlant des origines de cette musique, Dida Badi raconte : « Naguère, les touarègues aimaient beaucoup faire la guerre et ils se battaient tout le temps. En jouant de l’Imzad, les femmes ramenaient la paix et la sérénité au peuple touareg. Et c’est ainsi qu’ils ont laissé les batailles de côté pour la poésie.» Cet anthropologue note que cette musique, dont les origines sont du Tassili et du Hoggar, est à l'origine de d'autres variations. Quant à l’appellation Imzad, elle veut dire «cheveux des chevaux». Ces derniers ont été utilisés par les femmes comme support pour la fabrication de ce magnifique instrument.

Et pour que ces aires millénaires soient transcrites à d’autres générations, Dida Badi les a transcrit dans son ouvrage. Il s’agit d’un recueil de poèmes de cette musique. La traduction en français des poèmes, qui constituent ce répertoire, permet aux profanes de la langue touarègue de saisir le contexte socioculturel dans lesquels ils ont été produits. Et la transcription en solfège de toutes les partitions de la musique de l’Imzad devra permettre leur fixation et de les sauver ainsi de la disparition. A ce sujet, l’anthropologue Dida Badi dira que son œuvre «constitue une fixation d'un patrimoine oral véhiculé par la mémoire. Un ouvrage qui garde la pureté, l’authenticité et la beauté de cette culture menacée de disparaître.» Sa disparition signifie la perte de toute une identité culturelle.

Pourtant, grâce à cette culture millénaire, plusieurs enseignements peuvent être tirés. A ce titre, on apprend que la femme targuie jouit de privilèges auxquels la femme moderne n’y accède que depuis peu. Il est convenu de noter que l’Imzad fait partie intégrante de la philosophie touarègue.

Le livre, richement illustré de photographies, est composé de trois chapitres, à savoir : Contexte sociologique de la musique Imzad, représentation culturelle de la musique imzad et le répertoire de la musique Imzad dans les textes poétiques.

A noter que l’auteur de cette merveille, Dida Badi est chercheur en anthropologie au centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger. Il est l’auteur d’un ouvrage «les régions de l’Ahaggar et du Tassili n’Azjer», paru aux éditions de l’ANEP en 2004. Il a publié également plusieurs études sur la culture touarègue et saharienne, en Algérie et à l’étranger.

Sihem Benkhemou

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