jeudi 29 novembre 2007

VENTE DE DEDICACE DE HAKIM LAALAM


Le fumeur du thé envoûte les lecteurs

L’animateur de la chronique «Pousse avec eux !» a dédicacé samedi dernier les six volumes de la compilation de ses chroniques au soir d’Algérie. La séance a eu lieu à la maison de la presse Tahar-Djaout de 11h00 à 18h00 non-stop.

De nombreux journalistes et photographes de la presse nationale, les représentants de maisons d’éditions et des citoyens attendaient une précieuse dédicace du fumeur du thé. Une fois arrivé sur les lieux, Hakim Laâlam parle de son œuvre. Une œuvre qui a mûri au fil des colonnes du Soir d’Algérie et qui lui a pris beaucoup de temps pour la publier. Les deux éditeurs, le soir d’Algérie et l’Azhari Labter en l’occurrence, voulaient en faire un produit de qualité en sélectionnant et en puisant dans la richesse du patrimoine de Lâalam. Cette compilation est une réponse aux voeux des lecteurs qui souhaitent avoir ses chroniques comme recueil. Aujourd’hui, c’est fait ! Et toutes les chroniques de 2001 jusqu’à 2006 sont réunies dans un coffret. L’idée, selon le fumeur du thé, vient d’un lecteur qui en avait assez de collecter les chroniques. En somme, c’est mieux d’avoir toutes les chroniques réunies dans une compile plutôt que d’avoir des bouts de papiers. Inspiré du célèbre chroniqueur français Alain Remond, Hakim Laâlam estime, néanmoins, ne pas être un écrivain mais plutôt un «producteur d’écrits quotidiens.»

Revenant à sa chronique, panachée d’humour et de politique mais aussi un espace lecteurs, l’animateur de pousse avec eux dira que «ces produits décrits quotidiens ne consistent pas à faire rire les gens bêtement ni à donner des leçons de morales. L’humour est une arme à double tranchant, dénoncer des vérités qui font rire mais qui blessent au même temps. A ce titre, c’est mieux de critiquer un pays qui n’est toujours pas gouverné de manière rationnelle en humour.» Le but de la chronique n’est pas d’offenser ou d’attaquer le président de la république mais d’attirer l’attention avec un peu d’humour, d’arracher tous les matins un sourire à des Algériens qui ont pleuré des larmes et du sang ces dernières années. Les politiciens sont les plus ciblés, car ils sont sa meilleure clientèle dit-il en plaisantant. Et le jour où ils deviendront sérieux, Hakim Laâlam s’arrêtera d’écrire.

Qu’il soit énervé ou drôle, qu’il parle politique ou culture, jamais Hakim Laâlam ne perd sa faculté d’analyse et de réflexion. Aussi, il ouvre une fenêtre pour respirer, en s’exprimant avec la voix des autres. L’histoire édifiant, d’une handicapée brillante voulant à tout prix avoir sa place dans la société en est l’exemple. «C’est toujours bon de parler sur ce qui ne fonctionne pas et de mettre tout en claire. De faire éclater la vérité et de dénoncer le mal vie.» note Hakim Laâlam.

Mais d’où lui vient l’inspiration ? Facile, d’après le fumeur du thé, l’Algérie est un pays pleins de contradictions et de sujets. Une société, dit-il, qui se construit depuis longtemps mais d’une mauvaise manière.

Evoquant sa participation au salon du livre à Paris, l’animateur de la conférence de presse le qualifiera de «moment grandiose». «Un plaisir de déambuler dans les prestigieuses éditions dans un espace de m2 consacré aux livres.» a-t-il noté. Que du papier ! Le chroniquer de pousse avec eux déplore, enfin, le fait que les algériens lisent de moins en moins de livre, et que les librairies se transforment en faste food. Il s’interroge : «Comment sera l’Algérie dans 10 ou 20 ans. Serons nous appauvris culturellement ?» Une autre question de Hakim Laâlam a médité.

Sihem Benkhemou


Culture : EXPO
ILLUSTRATIONS CONTEMPORAINES DE LIVRES D’IMAGES EN ALLEMAGNE A LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
Le monde de l'imaginaire et de la fable


Les artistes voguent à nouveau dans le monde de l’imaginaire et de la fable. Les illustrations sont plus diversifiées et plus hétérogènes. Dans le cadre du Salon international du livre de jeunesse, qui se déroule à la Bibliothèque nationale du Hamma, le Goethe Institut et le musée du livre d’images Burg Wissem à Troidof ont réalisé une exposition d’illustrations sous le thème : “Illustration contemporaine du livre d’images en Allemagne”.
La manifestation a pour but de mieux faire connaître à l’étranger la grande qualité mais aussi l’extrême variété des différents styles par lesquels les artistes allemands agrémentent les livres pour la génération juvénile. De nombreuses images poétiques et parfois surréalistes invitent l’enfant à se construire une image du monde à partir de ce qu’il voit. Plus que des reproductions de la réalité, elles se veulent des invitations à réfléchir. Ce qui rend l’exposition intéressante. Ainsi, treize illustrateurs ont été sélectionnés et permettent de se faire une idée bien précise sur la création des artistes allemands. Ils donnent un aperçu très précis des illustrateurs allemands les plus significatifs de l’époque actuelle, à coté d’autres classiques de renom international, comme Janosch, Klaus Ensikat ou Wolf Erlbruch. Cette exposition présente des artistes plus jeunes dont les œuvres reflètent les nouvelles tendances dans l’illustration des livres d’images en Allemagne. En effet, à travers les 13 tableaux accrochés aux cimaises, l’œil est happé par la précision du détail, la prolifération des formes et la redondance des couleurs. La vaste panoplie des différentes techniques, actuellement utilisées par les artistes, est concrètement représentée. Tandis que certains illustrateurs perpétuent les traditions des anciens maîtres en les enrichissant par leur imagination et leurs innovations, d’autres, et particulièrement la jeune génération, n’hésitent pas à explorer les nouvelles possibilités offertes par l’outil informatique. Pour créer un face-à-face direct entre l’observateur et les artistes, les dessinateurs ont extrait cinq illustrations d’un de leurs livres qui leur tient particulièrement à cœur et justifient leur choix dans un court commentaire. Ces textes, tout comme les illustrations, permettent ainsi de mettre en lumière directe la personnalité et les préoccupations artistiques des exposants. Jacky Gleich, l’une des artistes, a choisi comme thème “La peur enfantine en pleine nuit”. Avec son langage imagé, son appréhension de la nuit est plus accessible. Une ligne suggestive et un choix de couleurs expressif, l’artiste explore les rêves effrayants où surgissent des figures monstrueuses. Vert sombre, bleu nuit, jaune criard sont les couleurs dominantes. Cette artiste prend au sérieux la peur de l’enfant narrateur et ne la minimise pas. Les yeux écarquillés et une bouche grande ouverte traduisent la panique qui ne se dissipera qu’après la décision de faire face à l’effrayant. On reconnaît alors que les silhouettes laides et tremblantes ne sont que des ombres d’arbres, la peur est conjurée. Mais pourquoi l’artiste a-t-il choisi ce livre ? Dans la plupart des albums qui traitent le thème des angoisses nocturnes, la peur est minimisée, dissoute, inutile et anodine. Les enfants, contrairement aux adultes, éprouvent nettement cette peur qui les terrorise. L’artiste a voulu, dans ce cas, décrire la peur de façon aussi brutale et réaliste que possible et laisser à l’obscurité et à la nuit leurs caractéristiques propres que sont le sombre, le noir et l’inquiétude. Par son message, ses effets de lumière et de couleurs, l’album se prête plutôt bien à une exposition. Il est à rappeler que les originaux sélectionnés ont été exposés au printemps 2006 au musée du livre d’images de Troidorf et un fac-similé de cette exposition est à présent en route pour une tournée mondiale mise en place par le Goethe Institut. Après Alger, la prochaine exposition aura lieu au Maroc.

Sihem Benkhemou


ASSIA ATTOUCHI EXPOSE SES DERNIERES CREATIONS


Mon pays, ma raison d’être !

La peinture de Assia Attouchi révèle une tendance novatrice. Ses œuvres bariolées, son style distinct de celui des autres artistes. Assia s’inspire de son pays natal, l’Algérie, et elle nous envoûte une fois de plus avec ses œuvres. L’artiste peintre Assia Attouchi convie le public connaisseur, jusqu'au 30 avril prochain, à découvrir ses dernières créations signées sous le thème « beauté et mystère » à la galerie Etincelle.

L’art de Assia qui reçoit une formation académique aux beaux arts, ne peut se réduire aux classifications et critères en cours de l’art algérien. Ni figuratif, ni abstrait, Attouchi a son propre style. L’interrogation persiste. Qu’est-ce qui permet à Attouchi de se distinguer par sa singularité et son originalité, elle qui produit parmi les siens ? La réponse réside bien dans son talent d’artiste mais surtout dans les spécificités du paysage de la réalité géographique qui la façonnent et l’éduquent. En effet, à travers les 22 tableaux accrochés aux cimaises, aussi aguichants qu’ils soient, tous nous parlent de l’Algérie, de sa beauté et sa profondeur par les paysages, les marines et les natures mortes. L’artiste aborde le thème avec profondeur, abstraction, nostalgie et mystère. L’Algérie est sauvage par sa beauté, sa générosité et son angoisse.

Toutes les œuvres peintes sans titres racontent l’histoire de l’Algérie et sa politique. Selon Attouchi, même les tableaux doivent avoir une relation avec la politique, ils doivent être politisés. Un artiste doit s’impliquer dans tous ce qui se passe dans son pays. L’artiste est l’éveilleur de conscience d’un peuple.

Le mot de passe vers la compréhension de l’univers de Attouchi est l’amour qu’elle porte pour son pays natal. Cette artiste vit par et pour l’Algérie. Elle transforme sa toile en une cascade de couleurs qui s’assombrit pour se perdre enfin dans le crépuscule. Un ciel tourmenté mais toujours avec une lueur d’espoir. L’un de ses tableaux mérite une attention particulière, c’est celui portant le nom « mystère d’une femme » pourquoi ce titre ? Pourquoi est t-il le seul de ses tableaux à avoir ce privilège d’un titre ? Une lecture profonde se laisse lire à travers ce tableau avec beaucoup de mystère. Attouchi peint l’Algérie et parle d’elle. L’a considérant comme femme généreuse et fière. Celle qui se connaît mais que personne ne connaisse. L’Algérie est cette femme mystérieuse.

En l’interrogeant : L’Algérie a-t-elle besoin qu’on parle d’elle ? Cette artiste affirme : «Je ne pense pas qu’il y ait un besoin qu’on parle d’elle. Son histoire millénaire et son parcours d’antagoniste sont connus partout dans le monde. » En Algérie, les artistes ont la tradition des tableaux. Le Tassili est le plus grand musé au monde à ciel ouvert. Tout ce qui accoste l’Algérie touche Attouchi. Pour l’Artiste l’Algérie n’a jamais été stable. Elle a besoin qu’on parle de son histoire, convoitise du monde entier. Elle soufre de sa beauté et de sa richesse. Cette souffrance se transmet à ses vrais enfants qu’ils soient Algériens ou pas. Qu’ils naissent sur cette terre qu’ils respectent son histoire !

Assia Attouchi fait partie de cette génération d’artistes, qui comme le premier homme sort du néant pour être happé par la lumière aveuglante. Fidèle à la matrice de la terre natale, ses œuvres sont un cri d’angoisse, une beauté sauvage et mystère. L’Algérie est sa raison d’être.

Sihem Benkhemou

UNE MUSIQUE MILLENAIRE TOUAREG

Pour la pérennité de l’Imzad !

La bibliothèque nationale du Hamma a été plongée la semaine dernière dans une atmosphère spéciale celle du Sahara dans tout son charme. Une ambiance contant l’Imzad par l’instrument, la musique, la poésie et aujourd’hui par un livre. C’est Dida Badi, anthropologue, qui a eu l’audace de le faire. Il a présenté son nouvel ouvrage qui s’intitule «Imzad, une musique millénaire touareg » parue dernièrement aux éditions ''ENAG''. Comme son titre l’indique, l’ouvrage parle de l’historique de ces sons de sable crées depuis la nuit des temps par les hommes bleus, toujours en mouvement.

Imzad est une vièle monocorde remontant à la nuit des temps. Plus qu’un instrument, il est un symbole de pouvoir suggérant une musique particulière. Réservé exclusivement aux femmes, l’homme chante sur l’air d’Imzad. Et seul la voix de l’homme est admise à se mêler à celui de l’instrument. Par la grâce de cet instrument, les hommes bleus se sont transformés de guerrières en poètes. A ce sujet, et parlant des origines de cette musique, Dida Badi raconte : « Naguère, les touarègues aimaient beaucoup faire la guerre et ils se battaient tout le temps. En jouant de l’Imzad, les femmes ramenaient la paix et la sérénité au peuple touareg. Et c’est ainsi qu’ils ont laissé les batailles de côté pour la poésie.» Cet anthropologue note que cette musique, dont les origines sont du Tassili et du Hoggar, est à l'origine de d'autres variations. Quant à l’appellation Imzad, elle veut dire «cheveux des chevaux». Ces derniers ont été utilisés par les femmes comme support pour la fabrication de ce magnifique instrument.

Et pour que ces aires millénaires soient transcrites à d’autres générations, Dida Badi les a transcrit dans son ouvrage. Il s’agit d’un recueil de poèmes de cette musique. La traduction en français des poèmes, qui constituent ce répertoire, permet aux profanes de la langue touarègue de saisir le contexte socioculturel dans lesquels ils ont été produits. Et la transcription en solfège de toutes les partitions de la musique de l’Imzad devra permettre leur fixation et de les sauver ainsi de la disparition. A ce sujet, l’anthropologue Dida Badi dira que son œuvre «constitue une fixation d'un patrimoine oral véhiculé par la mémoire. Un ouvrage qui garde la pureté, l’authenticité et la beauté de cette culture menacée de disparaître.» Sa disparition signifie la perte de toute une identité culturelle.

Pourtant, grâce à cette culture millénaire, plusieurs enseignements peuvent être tirés. A ce titre, on apprend que la femme targuie jouit de privilèges auxquels la femme moderne n’y accède que depuis peu. Il est convenu de noter que l’Imzad fait partie intégrante de la philosophie touarègue.

Le livre, richement illustré de photographies, est composé de trois chapitres, à savoir : Contexte sociologique de la musique Imzad, représentation culturelle de la musique imzad et le répertoire de la musique Imzad dans les textes poétiques.

A noter que l’auteur de cette merveille, Dida Badi est chercheur en anthropologie au centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques d’Alger. Il est l’auteur d’un ouvrage «les régions de l’Ahaggar et du Tassili n’Azjer», paru aux éditions de l’ANEP en 2004. Il a publié également plusieurs études sur la culture touarègue et saharienne, en Algérie et à l’étranger.

Sihem Benkhemou

Culture : “HÔTEL SAINT-GEORGES” DE RACHID BOUDJEDRA
Regard sur la guerre d'Algérie


L’écrivain Rachid Boudjedra a présenté dimanche dernier à l’hôtel El Djazaïr son dernier ouvrage portant le titre Hôtel Saint-Georges . Sa simplicité, sobriété et sa plume alerte ne cessent de séduire de plus en plus de lecteurs à travers le monde. Publié il y a tout juste une semaine par les éditions Dar El Gharb d’Oran, l’Hôtel Saint- Georges est une histoire douloureuse qui se déroule durant la guerre de Libération nationale.
L’histoire met aux prises deux personnages, Jean, ébéniste émérite français envoyé comme soldat en Algérie, et Nabila, une jeune étudiante algérienne serveuse le soir dans un bar. La jeune serveuse active pour le compte de la révolution algérienne. Jean est appelé sous les drapeaux en Algérie pendant la guerre de Libération pour fabriquer des cercueils destinés au rapatriement des dépouilles des soldats français “morts pour la France”. Horrifié, il assiste à la décomposition de la soldatesque française en même temps qu’à sa propre déchéance. Et c’est là que l’ébéniste découvre la torture et toutes les exactions pratiquées par l’armée coloniale. Son lieu de refuge est cet hôtel Saint-Georges situé dans la capitale avec son bar où viennent s’échouer des âmes en peine pour échanger des confidences. Jean fait partie de ces âmes blessées et perdues qui écument leur désespoir au bar de l’hôtel. Et où il fera la connaissance de Nabila. Des années plus tard, reparti en France, Jean ne pourra oublier son passage et sa vie dans cet hôtel. Agonisant, sur son lit de mort, le soldat français dicte à sa fille Jeanne ses dernières volontés, particulièrement celle de visiter l’Algérie. Le roman exhibe cette guerre horrible en mettant en relief les moments douloureux vécus par l’ébéniste. Une façon pour l’auteur de mettre en exergue l’éveil de conscience de ce Français, ayant vécu une histoire dure, terrible. Il prendra position pour la juste cause algérienne. A ce sujet, l’auteur dira que cette histoire démontre le regard des Français ayant participé à la guerre tout en reconnaissant qu’elle était injuste. Une manière de faire retenir les voix des soldats français l’ayant dénoncée. Inspirée de faits réels, cette histoire, précise Rachid Boudjedra, lui a été racontée par la fille de l’ébéniste. Concernant la composition du roman, l’auteur a écrit Hôtel Saint-Georges dans un style narratif, simple et sobre. Il évite les longues phrases et les termes complexes qu’il aime bien. Il aborde l’histoire en toute simplicité mais avec peine et déchirure dans un désir d’efficacité car le sujet lui-même est douloureux. Dans le même contexte, le romancier affirme que le vrai écrivain est celui qui possède son propre style et son propre dictionnaire. Poète, essayiste, romancier et auteur de théâtre, Rachid Boudjedra compte à son actif une vaste biographie riche de 24 créations, dont 15 romans, des recueils de poésie et des pièces de théâtre traduites dans 34 langues. Hôtel Saint- Georges, qui est son dernier roman, est en cours de traduction.
Sihem Benkhemou

Culture : ADRIANA LASSEL PRESENTE “LUCAS, LE MORISQUE” A LA BIBLIOTHEQUE NATIONALE
DIALOGUE INTERCULTUREL AUTOUR D’UN CLANDESTIN


Adriana Lassel a présenté, dimanche après-midi, à la Bibliothèque nationale, son nouveau livre intitulé Lucas le Morisque ou bien le Destin d’un manuscrit retrouvé. C’est en présence d’un public connaisseur, constitué de personnalités et dramaturges, que l’écrivain a donné plus de détail sur sa nouvelle production. Il s’agit d’un roman historique, une histoire véridique sur l’expulsion des musulmans d’Espagne, leur patrie et leur terre.
Consacrant des années de recherche, ce livre est non seulement réfléchi par le cœur dont la romance prend surface mais aussi basé sur les documents et la recherche faisant appel à des historiens pour en savoir plus sur le passé des Morisques. Les Morisques qui sont des musulmans espagnols. L’auteur fait revivre une dizaine de personnages de différentes religions, réunissant la culture sud-américaine, espagnole et maghrébine. Adriana Lassel retrace une partie du dialogue à un destin commun des civilisations. Concernant les techniques d’écriture, l’auteur a essayé de donner une ambiance spéciale à son roman, une ambiance arabe dans un langage empreint d’expressions religieuses. A ce sujet, elle dira que “ça été difficile de traduire ce genre d’expressions tout en gardant le même sens”. Ce roman se déroule aux XVIe et XVIIe siècles dans un large cadre géographique : depuis l’Espagne (à l’époque de l’expulsion des Morisques), la France, l’empire ottoman, jusqu’à l’Amérique espagnole. Lucas, personnage principal du roman, est un migrant qui appartient à deux cultures, deux religions, jusqu’à ses 25 ans où il assume son hispanité chrétienne. Il émigre vers le continent américain (las Indias) comme un clandestin et y fonde une famille. A la fin de ses jours, il écrit son histoire et lègue son manuscrit à Juan, son fils. Les deux derniers chapitres se rapportent à des descendants qui ont eu en charge le manuscrit : un jésuite du XVIIe siècle et un chercheur d’or en Californie, au XIXe siècle. Ce dernier s’établit au Chili et c’est là que les pages jaunies de ce manuscrit sont enfin exhumées par un lointain descendant de Lucas, le Morisque espagnol. Adriana Lassel, parfaitement intégrée à l’espace algérien, est née à Santiago, en Chili. Suite à l’obtention d’un prix littéraire, elle a été invitée à Cuba où elle rencontre son mari, un moudjahid algérien, et où ils sont restés deux ans, pendant lesquels elle a enseigné à l’école des arts (section théâtre). Ensuite, ils vécurent en Chine et au Chili jusqu'à leur installation en Algérie. La Chilienne dont le cœur a été volé par un Algérien s’affirme être Algérienne et appartenant à “son pays par choix et par attachement”. Voulant apporter une meilleure connaissance du continent africain, elle se consacre à la recherche spécialement autour de l’œuvre de Cervantès du monde musulman. Cet auteur a déjà publié les romans Le sang, l'âme et l'espoir, Le pavillon de l'oiseau jaune, Le ville perdue et Tu n'iras pas à Tioup ainsi qu'un recueil intitulé Images d'Amérique. Lucas le Morisque est sa dernière œuvre, roman voulu comme un témoignage sur les moments cruciaux vécus par les Morisques. Il est à noter que ce livre a été édité en 2005 en Espagne, ensuite traduit en français pour être édité par les éditions Tell en Algérie. Ce texte cinématographique visuel dont on sent les déplacements pourra être un projet de film.
Sihem Benkhemou







Culture : PREMIER TOUR DE MANIVELLE DU FILM SUR JUGURTHA
Sur les traces de nos ancêtres


Le réalisateur Salim Roubeche a donné, mardi après-midi, au Musée de l’armée d'Alger, le premier tour de manivelle de son film documentaire historique sur le roi Jugurtha. Cette œuvre de 52 minutes aura pour titre Sur les pas de Jugurtha. Une pléiade de comédiens algériens de l’Institut national des arts dramatiques aura un rôle dans ce film documentaire.
Ce projet prévu dans une fiction retracera, notamment, le voyage de Jugurtha dans le temps. A ce sujet, le réalisateur dira qu’il “souhaiterait réunir l’époque romaine et numide à celle d’aujourd’hui (contemporaine) dans un court métrage de 52 minutes”. Avant d’ajouter qu’il voudrait sortir du contexte romain et reprendre la véritable histoire numide telle quelle. Au fait, Jugurtha est mort sous la pression romaine. Il fut livré aux Romains par son beau-frère et non par son beau-père. Il fut amené en triomphe à Rome, et jeté dans un cachot où il mourut de faim. En conclusion, la trahison a été faite par son beau-frère. Une version qui est éditée dans plusieurs livres. Cette œuvre met en évidence la lutte d'un chef numide contre la pénétration romaine à la fin du IIe siècle avant l'ère chrétienne. Personnalité de valeur, il s'opposa durant sept ans à la puissance romaine, entre 111 et 105. Sur les pas de Jugurtha se déroule sur deux époques : celle d’avant et celle durant les temps modernes. Pour l’histoire, dans son accoutrement de Berbère, à partir de Rome, le chef numide se rend en Algérie pour visiter le grand site, rue d’Isly. Ainsi, il se déplacera vers Constantine, Tébessa et d’autres villes d’Algérie, ensuite en Tunisie. Le tournage de ce film, d'une durée de quatre semaines et dont le titre définitif sera Sur les pas de Jugurtha, se déroulera en Algérie, Tunisie et Italie avec la participation d'une équipe technique nationale composée, entre autres, du directeur de la photographie, Mohamed Zoubir, et d’un ingénieur du son. Salim Roubeche s’est inspiré de quelques ouvrages pour son film dont La guerre de Jugurtha qui a été écrite par Salluste. Il a consulté également des ouvrages de l'écrivain et historien tunisien Mohamed Fentes et de l'universitaire algérien Mohamed Seghir Ghanem. Dans le rôle principal de cette nouvelle production, on retrouvera des comédiens confirmés dont Noureddine Saïd, natif de Sétif. Ce dernier interprétera le roi berbère. Mounir Boumerdes et Kacim Mohame incarneront les soldats romains dans ce court métrage dont l’action débutera au musée de l'armée où est érigée une statue du roi. De cet endroit, le héros commence son voyage à la recherche de l'histoire et sillonna plusieurs villes comme Constantine, Sétif, Bordj-Bou-Arréridj et Tébessa avec des passages à Tunis et à Rome, où se trouvent encore les restes de la dépouille du roi. Il est à rappeler que Zoheir Roubeche a déjà réalisé un feuilleton de dix épisodes sur Abdelhamid Ibn Badis et un autre documentaire sur la vie de certains artistes français nés à Constantine et ayant cité cette ville dans leurs œuvres littéraires et artistiques. Il prépare plusieurs autres projets de films documentaires dont un film sur Raïs Hamidou.
Sihem Benkhemou